Lettre d’information du mois de mai (mai 25, 2017)
La lettre d’information du mois de Mai (source ickowicz)
Les floraisons des fruitiers sont achevées, le colza également, dans le midi les cistes, les bruyères blanches et le thym font ronfler les colonies. Là où les acacias sont présents, il faut un peu de chance, la fleur demande 19°C pour s’ouvrir et de l’eau pour avoir du nectar. Qu’il y ait un beau soleil avec un ciel clair, c’est-à-dire des nuits froides et des journées sous la bise pour que les fleurs restent désespérément fermées. Que la chaleur soit là et que la sécheresse l’accompagne, les fleurs sont grandes ouvertes mais sans nectar… Le miel d’acacia est souvent aléatoire dans nos régions, en Hongrie grand producteur de ce miel, la sélection a permis de disposer d’acacias donnant des floraisons tardives.
Les colonies
On poursuit la chasse aux varroas avec les rayons pièges sous le cadre de hausse mis en bordure du nid à couvain. L’arrivée des hausses rendra l’opération quasiment impossible plus tard. On peut toujours poursuivre ce piégeage, mais le poids des hausses devient dissuasif.
La population s’accroît désormais rapidement, la chaleur venant après la période de froid du début du mois, l’essaimage est en route si ce n’est déjà fait car avril fut propice. Les essaims artificiels seront constitués.
Des ruchettes pièges seront placées à quelques mètres du rucher et un peu en hauteur. Un bon coup de chalumeau pour réveiller les odeurs de colonie et quelques vieux cadres seront les compléments indispensables à l’inévitable attire essaim. Si on ne prend d’essaim au moins aura-t-on le plaisir d’y trouver de la teigne qui fera le bonheur des pêcheurs.
La pose des hausses
C’est le moment de poser les hausse, en avril si les colonies sont au taquet et les floraisons surabondantes (colza en particulier). Ces hausses accueillent l’excédent de miel produit par une surabondance de butineuses. Ce qui veut donc dire que la hausse se pose lorsque le corps est totalement occupé où que les abeilles y stockent du miel, ce qui est à éviter le plus possible. Que le temps permette une arrivée massive de nectar et la ponte de la reine sera restreinte par un stockage anarchique de celui-ci là où il y aura de la place. Ce sera donc à l’endroit où de jeunes abeilles viennent de naître et la reine ne peut plus y pondre.
Mettre la hausse trop tard, c’est risquer de bloquer la ponte de la reine et de provoquer l’essaimage ; trop tôt on refroidit la colonie et la ponte de la reine s’en ressent lorsqu’elle ne vient pas pondre dans la hausse. De ce point de vue la ruche de Layens à développement horizontal ne pose pas ce problème. Mais pour les utilisateurs de Dadant ou de Langstroth, le développement par le sommet de la colonie suppose un peu de doigté. Il faut poser la hausse au moment précis où la population est surabondante et avant que le nectar ne vienne concurrencer la place disponible pour la ponte.
Quand ?
Ce moment s’apprécie de diverses manières. C’est lorsque la colonie utilise totalement 8 cadres, que les rives se remplissent de nectar ou que les abeilles les occupent de manière conséquente. Une visite rapide sur les bords ne perturbe pas la colonie et ne demande pas trop de temps. Un autre critère également est l’apparition de constructions de cire blanche sur la tête des cadres et sur le couvre cadre.
Pour celui qui a de la difficulté à surveiller ses ruches régulièrement, il peut poser ses hausses sur une plaque percée d’un trou de 30 mm environ, elle-même posée sur le corps. Cette plaque maintient la chaleur tout en laissant aux abeilles le passage pour aller occuper la hausse en cas de besoin. Ce petit truc est plus fonctionnel que le papier journal ou kraft que l’on conseillait autrefois. En réalité les abeilles le percent rapidement quel que soit le développement de la colonie et le temps.
Avec les races prolifiques, mettre une hausse sur le corps le plus vite possible, une grille à reine puis une seconde hausse au même moment. Si la grille est mal supportée par les abeilles (peu de passage, stockage du miel dans le corps), l’enlever. Si la reine monte pondre un peu de partout tant pis. Faire de la place en ajoutant des hausses est une des meilleures méthodes pour limiter l’essaimage sur des lignées correctement sélectionnées. Puis fin de mois on réorganise l’ensemble. Les rayons de couvain seront regroupés dans une hausse. Les rayons de miel operculés dans une autre, les rayons non operculés dans une hausse placée au plus près du corps.
Si floraison et temps sont favorables, une première récolte est possible en fin de mois.
Vous aviez noté pour chaque ruche le nombre de cadres de couvain début avril ? Notez pour chacune le nombre de cadres de miel pleins dans la hausse fin mai et vous verrez qu’en juillet lors de la récolte le nombre de cadres récoltés pour chacune d’entre elles sera en proportion de ces nombres et qu’année après année vous vérifierez cette règle. Vous comprendrez mieux pourquoi il est si important de posséder de fortes colonies pour l’hivernage.
L’élevage des reines
C’est le moment d’y aller. Les bons manuels donnent les conseils nécessaires. Pour ma part je voudrais inciter les hésitants.
Pour un petit rucher et pour faire deux ou trois dizaines de reines par an en mai et juin, il me semble simple de travailler sur une ruchette orpheline. La petite taille de la population d’une ruchette permet de trouver facilement la reine au moment opportun.
On retire le cadre sur lequel est la reine, on le met dans une ruchette avec un autre cadre de couvain fermé et ses abeilles pris ailleurs, le tout bien parfumé. Et cette petite population, essaim artificiel, est mise à l’écart, de préférence dans un autre rucher pour éviter que les butineuses trouvant par hasard leur reine rappellent les abeilles de la ruchette qui se dépeuplerait.
Dans la ruchette orpheline où il manque un cadre on met au centre le cadre d’élevage. En remplaçant chaque semaine deux cadres vides d’abeilles (et souvent emplis de miel) par des cadres de couvain fermés sans leurs abeilles pris dans d’autres ruches, on renouvelle la population et les abeilles nourrices n’ayant pas d’autres larves à nourrir que celles qu’on leur apporte s’occuperont des cupules. Le taux d’acceptation devient alors très élevé de l’ordre de 90 à 95 %. Tous les 10 jours on rОcupПre les cellules et on remet des cupules greffées.
Cette méthode simple dès que l’on en a pris la maîtrise a un inconvénient. La ruchette maintenue orpheline, alimentée d’abeilles de ruches différentes devient très agressive et il faut impérativement avoir ce matériel d’élevage éloigné de tout voisinage peu coopératif.
Avec le système Jenter, lorsque la reine y a pondu, il suffit d’attendre 3 jours que les premières larves naissent. Enlever l’ergot qui porte la larve et sa gelée royale, le fixer à la cupule et mettre cet ensemble sur le porte cupule. J’utilise alors le porte cupule Nicot que j’élargit avec une mèche de 8 mm. Entrée en force la cupule et sa larve seront placées sur le cadre d’élevage. Pour la colonie de la ruchette on donne 250g de miel cristallisé sur le couvre cadre nourrisseur. Au bout de 10 jours les cellules sont étirées et les reines prêtes à naître. Auparavant on aura préparé des nucléis faits dans des ruchettes d’un cadre de couvain avec des abeilles, un cadre de miel, un cadre bâti (ou à bâtir) et une partition. Placés 2 jours dans un local sombre et frais de préférence, ces ruchettes recevront une ou deux cellules royales, les porte cupules étant coincés entre deux cadres. Remettre deux cadres de couvain operculé et recommencer un cycle d’élevage. Nourrir deux à trois fois par semaine et au bout de 15 jours vérifier la ponte de la reine, la chercher et la marquer.